Prémesques au fil des jours…
De Prémesques nous ne connaissons guère l’histoire avant le début du XIIe siècle. Le village est à l’écart des voies romaines antiques, routières et fluviales, il ne profite donc pas du réseau d’échanges que procure une telle opportunité. Développé sans bruit au cœur des Weppes, il fut sans doute évangélisé par saint Piat, puis saint Chrysole.
Les siècles s’écoulent... L’histoire médiévale de la région est complexe. Aux confins de l’empire germanique et du royaume de France, nés du partage de Verdun, le comté de Flandre profite du IXe siècle pour s’établir efficacement et lutter contre les invasions normandes. Puis, sous la bannière des comtes et la houlette spirituelle de la collégiale Saint-Pierre de Lille, le village jouit d’une période de sérénité, treize fiefs sur cinq cents hectares, lieux manoirs, champs et pâturages… sous l’autorité locale des échevins. Dès lors, certains Prémesquois apparaissent nominalement : Jacques Putepieche, le prêtre Lambert et ses sœurs Marie et Gimberge, Jean de Bies… Etienne, Jakemes, Perceval ou Wuillaume de Prémesques.
Vinrent ensuite les grandes épreuves : la guerre de Cent Ans, la vague déferlante des Hurlus, les guerres de Louis XIV, etc. pendant lesquelles le village eut à subir, parfois de son propre chef, pillages et destructions. Le XVIIIe siècle s’avéra plus calme, avant de plonger dans la tourmente révolutionnaire, subir les méfaits des « chauffeurs » révoltés, bandits associés pour la perte des campagnes, et perdre son pasteur. En effet, le curé réfractaire, dévoué à ses ouailles, est déporté, l’église est détruite, le château endommagé.
Mais l’époque contemporaine fut sans doute plus dévastatrice encore. Profitant, dans un premier temps, de la révolution industrielle, la population dépasse le millier d’habitants. Il faut d’ailleurs reconstruire l’église devenue trop petite. Puis trois guerres se succèdent en moins de quatre-vingts ans, sources de destructions, résurgences de constructions civiles et militaires : le fort de Sénarmont, terminé en 1883, les blockhaus nombreux de la première guerre mondiale et les réédifications successives des bâtiments majeurs de la cité, finalement miraculeusement protégée pendant la dernière guerre.
A la veille du centenaire du déclenchement de la Première Guerre Mondiale, il peut être utile de se rappeler que Prémesques fut le siège d’une bataille en octobre 1914 qui détermina pour plusieurs années la limite du front à l’est d’Armentières ; en voici le récit.
Armentières ayant été reprise aux Allemands par les Britanniques le 16 octobre 1914, ordre est donné à quelques bataillons (Rifle Brigade, Leinster Regiment et North Stafford) de repousser les Allemands installés à Pérenchies et sur les hauteurs de Prémesques et Capinghem et de s’y maintenir afin de créer une tête de pont pour reconquérir Lille qui est occupée par les Allemands depuis le 13 octobre.
Tôt le matin du dimanche 18 octobre, les quatre compagnies du 2/Leinster dont le QG est à Bas Trou, montent à l’assaut sans préparation d’artillerie préalable, atteignent entre 10 h et 11 h après de rudes combats le village de Prémesques et les hommes s’enterrent comme ils peuvent à l’est de la route Ennetières-Pérenchies à quelques centaines de mètres des tranchées allemandes situées un peu plus à l’est sur la crête et qui forment un arc de cercle qui rejoint le fort Sénarmont. Par contre, le 3/Rifle Brigade, bien que renforcé par un bataillon du Royal Fusiliers, ne parvient pas à dépasser la voie ferrée Lille-Armentières et il doit se replier sur l’Epinette.
Le 19 octobre est un jour de répit relatif et le 2/Leinster, seul sur la crête, entre le Mont de Prémesques et le fort Sénarmont, tente de renforcer ses positions. Mais le 20 octobre, dès 2 h du matin, les Allemands lancent une première attaque qui est repoussée. Par contre, à 7 h 30, les positions irlandaises sont bombardées avec une rare intensité et les Saxons du 179e régiment d’infanterie passent à l’attaque et repoussent en fin de journée les Irlandais qui n’ont pu bénéficier, en dépit d’une vive résistance, de l’appui de leur artillerie et de renforts, l’état-major, jugeant en effet les forces allemandes trop fortes et trop nombreuses pour envisager une contre-attaque.
Ayant perdu 434 hommes (tués, blessés, disparus ou prisonniers) en 3 jours, le 2/Leinster se replie alors sur ses positions de départ de La Chapelle d’Armentières qui suivaient la rue du bois puis la ruelle de la blanche jusqu’à Porte Egal…Cette ligne de défense constituera pendant 3 ans et demi un maillon de la ligne de front britannique à l’est d’Armentières en dépit d’escarmouches continuelles et de combats locaux destinés à améliorer les défenses.
Aujourd’hui, Prémesques est un bourg vivant et plein d’audace, sachant lier ses attaches passées aux savoir-vivre de demain : un clocher rose, une place fleurie, des salles polyvalentes et le géant préféré des petits, Tartagrosbord.